Pierre-Marie Houdry

Sorcière de la lune

Toi, tu serais la sorcière de la lune

Moi, le roi araignée

J’aurais redonné le pouvoir au peuple pour partir à l’aventure avec toi

D’abord, on guiderait une barque en bois sur un large fleuve entouré de grands arbres verts dont les branches noires tomberaient dans l’eau sombre

Un esprit cornu accroché à la mousse ricanerait en nous regardant dériver

Au loin le rythme des singes dans la forêt

En dessous le courant défilerait à toute allure pendant que des libellules bleues nous butinent

Après quelques heures

Une plage de sable brun

“Arrêtons nous là un instant”

L’embarcation fend la terre et s’immobilise dans un bruit déchirant

Tu t’élances sur le rivage

Le cliquetis mystérieux de tes bijoux appelle une puissance divine

Je te rejoins d’un pas

Ma main posée sur ton cou immobilise ton corps un instant

Ton visage se penche et tu murmures

“Je suis à toi. Où m’emmènes tu?”

Je te regarde en silence

Tes yeux bleus m’avalent tout entier

Je me réveille en pleine mer

C’est le quart de 4h

Celui d’avant le jour, le plus difficile

Les vagues tordues se confondent avec le ciel noir

Je suis serré dans des habits de plastique lumineux qui s’agrippent à ma peau

Chaque respiration contient autant de vent qui tape dans ma gorge sans descendre à mes poumons que de sel

Tu saurais quoi faire

Allumer un feu magique au carré en me souriant

Raconter qu’il est facile de tuer un serpent

Me montrer comment et m’embrasser en dormant