Pierre-Marie Houdry

Le balancier de son cul

Le mouvement de balancier de son cul sous sa veste de cuir souple m’a énervé la première fois que je l’ai rencontrée

Elle avait les cheveux filasses

Noirs et mal peignés

Un sourire béat posé sur son corps boudiné

Elle m’a dit

-"J’assume que tu es végane"

J’ai répondu non

Elle a levé les yeux au ciel

Ma tête s’est vidée

Un léger frisson parti de mes poumons qui se serraient s’est transformé en une vague qui a submergé mon corps tout frêle

Je suis une merde

J’ai enchaîné désinvolte :

-“J’ai beaucoup de défauts mais j’y travaille”

Ce n’était pas vrai

J’ai parlé et parlé pour tenter de faire rejoindre ma consommation de viande avec son absence

J’ai posé beaucoup de questions

Qui elle était

Ce qu’elle aimait et pourquoi

J’avais peur qu’elle me laisse tout seul devant tout le monde

On a mangé des légumes

Plus tard

Elle me racontait comment elle avait grandi

Ses camarades la frappaient

J’ai pleuré

Je l’ai vue me trouver vulnérable

Maintenant, je pouvais la regarder avec mes yeux noirs

Elle n’aurait jamais peur de moi

Sa bouche me souriait doucement

Ses yeux effilés dessinaient la courbe de l’eau qui rencontre un obstacle dans le courant

Plus tard

Nous avons fait l’amour

Je répondais à ses sourires

Je jouais les gestes qu’elle réclamait mais nous étions secs tous les deux

Je l’ai quittée après quelques semaines

Elle m’en a voulu pendant 18 jours

Après nous étions à nouveau libre

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